Nous empruntons le sentier qui remonte le vallon d’Estaragne, sauvage et minéral, rive gauche du ruisseau en direction du Sud. Il parcourt les pelouses, posées au pied du pic Méchant et de la crête des Cintes Blanques, en direction du fond du cirque. À l’écart des lacs et laquettes de la réserve du Néouvielle, il règne dans ce vallon, une certaine solitude.

Vers 2400 mètres, l’itinéraire rentre dans le Parc National des Pyrénées, au niveau d’une vaste cuvette herbeuse parsemée de gros blocs.

Nous apercevons bien le col d’Estaragne. Le sentier se rapproche maintenant de la base des parois granitiques de l’éperon Est du Grand Pic des Halharisés. En quelques lacets raides, nous arrivons au prochain palier de cette ascension aux environs de 2600 mètres d’altitude. Nous sommes au croisement des itinéraires vers le pic d’Estaragne. En poursuivant dans l’axe du vallon, nous pourrions rejoindre le col d’Estaragne (2837 m) et de là le sommet par l’arête Nord. Nous choisissons la voie normale qui s’élève vers la gauche (plein Sud) sur une bonne sente cairnée qui progresse sur des terrasses d’éboulis. Certains passages sont plus raides et requièrent un peu plus d’attention. Aujourd’hui, l’itinéraire est évident et sans problème, mais en début de saison, couvertes de neige, ces pentes nécessitent la plus grande prudence.

Vers 2840 mètres, une petite barre rocheuse, facile, nécessite l’usage des mains. Le sentier arrive ensuite jusqu’aux abords de la crête Est du pic d’Estaragne. De ce point, nous avons une vue vertigineuse de l’autre côté sur Piau-Engaly et la vallée du Badet. Il souffle un vent fort sur cette crête et après une petite traversée sous le pic, nous accédons à la crête nord puis au pic d’Estaragne (3006 m).

Nous avons une superbe vue sur le pic de Campbieil.

Nous ne nous attardons guère au sommet ; il y souffle un vent terrible. Nous pourrions, nous l’avons déjà fait, continuer vers le pic de Campbieil et ainsi gravir deux beaux 3000 dans la journée, mais nous choisissons de tenter la descente directe vers Cap de long… et ça, nous ne l’avons jamais fait ! Nous descendons une sente dans les éboulis vers l’Ouest pour nous abriter plus bas dans le vallon et étudier l’itinéraire. Il n’y a pas de sentier sur la carte, mais les courbes de niveaux pas trop serrés nous incitent à tenter la descente. L’idée est de rejoindre le replat coté 2563 mètres à la confluence des ruisseaux afin d’y retrouver l’itinéraire montant au Campbieil depuis Cap de Long.

Le Badet (3160 m) à gauche et le pic Long (3192 m) à droite.

Superbe vue sur les 3000 du Massif du Néouvielle qui dominent le lac de Cap de Long.
Le Turon de Néouvielle, le pic des Trois Conseillers, le Néouvielle et le Ramougn.

Finalement, après un peu de recherche d’itinéraire, nous voici au replat que nous visions ; on peut dire que ça passe plutôt bien !

Nous avons retrouvé l’itinéraire du Campbieil; il nous faut maintenant descendre les ressauts successifs vers le fond du lac de Cap de Long.

Les quelques (rares) pins du fond du lac sont l’endroit idéal pour faire une dernière pause à l’ombre avant d’entamer la traversée longeant les rives du lac de Cap de Long.
Je suis passé de nombreuses fois ici ; et comme à chaque fois, je trouve toujours ce retour plutôt long et fatiguant malgré la beauté du lieu et le cheminement le long du lac.

Une fois au barrage (2171 m), il ne reste plus qu’à descendre les quelques lacets de la route jusqu’au petit pont du ruisseau d’Estaragne. La monotonie de ces derniers hectomètres sur le goudron est heureusement rompu par une belle vue sur le lac d’Orédon.