Du début des années 1950 à la fin des années 1970, la sierra de Guara, dans le nord de l’Espagne, fut une sierra oubliée. Aussi oubliée que l’est aujourd’hui le passé de cette terre d’Aragon. Son mode de vie, à l’époque, était archaïque : on y taillait le silex pour fabriquer des outils.
Une étrangeté réciproque a réuni l’auteur, alors jeune explorateur de canyons, et les habitants de la sierra. Ce livre retrace leur émerveillement mutuel. Dans ces pages, qui disent la découverte de l’autre, l’exode rural, les efforts de l’auteur pour enrayer la désertification, fourmillent de truculents portraits, des témoignages d’une vérité brute, de justes fragments d’une réalité alors méconnue, aujourd’hui dans les friches de la mémoire.
Pierre Minvielle réhabilite un monde. Tour à tour cocasse ou grave, le ton de son écriture ne cesse d’exprimer la tendresse d’un homme pour d’autres hommes et pour ce « paysage dévastateur de l’âme ».
Lors de mes ballades dans la sierra de Guara, je n’avais pas manqué d’observer des ruines de village comme celui d’Otin, mais sans en connaître la terrible histoire. Pierre Minvielle nous a laissé un témoignage émouvant de la vie de ces hommes, vivant sur un territoire pittoresque pour nous les randonneurs, mais ô combien hostile pour ces habitants. Maintenant je sais, et je comprends les difficultés de la population à rester vivre dans ce pays hostile, face au rouleau compresseur du confort et de la modernité.
« Se han marchado. » Formule funeste qui signifiait l’abandon de la maison, des traditions, des racines…
Si vous faites des photos lors de cette magnifique rando, je pense qu’il serait judicieux de marcher dans le sens horaire, ainsi éclairage de milieu d’après midi, mettra davantage le canyon en valeur.