Nichée au sud du plateau de Lannemezan, dans un discret vallon, la tourbière de Clarens est un petit bijou écologique. Peu connue du grand public, elle n’en demeure pas moins un site remarquable, à la fois pour sa biodiversité, son histoire naturelle et son rôle crucial dans l’équilibre des milieux humides.

Depuis le petit parking, nous suivons un sentier bien balisé dans le bois. Rapidement, nous remarquons les vestiges d’une ancienne ligne de chemin de fer jamais achevée, destinée à relier Auch à Lannemezan. On peut y observer des piles de ponts abandonnées, des talus et tranchées qui semblent figés dans le temps, comme autant de fantômes du passé industriel.

Notre sentier longe ensuite une prairie avant de s’enfoncer brièvement dans les bois. Une passerelle et des pas japonais nous permettent ensuite d’accéder à la tourbière.

Formée il y a plusieurs milliers d’années, cette tourbière est ce qu’on appelle une tourbière de fond de vallée, alimentée par les eaux de ruissellement et les nappes phréatiques. Elle s’est constituée lentement, au fil des siècles, par l’accumulation de végétaux dans une zone où la décomposition est ralentie par l’humidité permanente. Résultat : un sol gorgé de matière organique, riche en tourbe, qui constitue un véritable livre ouvert sur le passé climatique de la région.

Classée en zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), la tourbière fait aujourd’hui l’objet d’une attention particulière de la part des naturalistes et des collectivités locales. Elle joue un rôle clé dans la régulation du cycle de l’eau, en stockant naturellement l’eau de pluie et en limitant les crues. Elle capte également le carbone, participant ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique.

La tourbière de Clarens abrite une flore spécifique, adaptée aux conditions acides et détrempées du sol. On y trouve notamment des sphaignes (ces mousses qui façonnent le sol tourbeux), des droseras (petites plantes carnivores), des laîches, ou encore des linaigrettes qui, au printemps, tapissent la zone de jolies touffes blanches comme des flocons.

Côté faune, la tourbière est un refuge pour de nombreuses espèces d’insectes, d’amphibiens (comme le triton palmé), et d’oiseaux qui viennent y nicher ou se nourrir.

Le sentier remonte alors sous les arbres, débouche sur une nouvelle prairie, puis rejoint un large chemin qui longe tranquillement le canal de Monlaur. Ce canal fait partie du « Système Neste » et file discrètement à travers les prairies, transportant une eau précieuse, utilisée pour l’agriculture, l’alimentation en eau potable et la régulation des cours d’eau.

Après un arrêt à la table d’orientation, la boucle se termine en retrouvant la route de l’Estélou, qu’il suffit de suivre sur la gauche pour regagner le parking.