Au départ du lac d’Orédon, cette boucle menant au sommet du Soum de Montpelat (2 475 m) offre une succession d’ambiances et de points de vue spectaculaires. Entre montées en forêt, crêtes panoramiques et lacs suspendus, l’itinéraire conduit à ce somptueux belvédère avant de plonger vers le vallon d’Estibère.
Une randonnée variée, sauvage juste ce qu’il faut, qui concentre à elle seule tout le charme granitique et lumineux du massif du Néouvielle…
Nous quittons le parking d’Orédon de bon matin, tandis que les premières lueurs effleurent les eaux sombres et calmes du lac. L’air est vif, le silence presque sacré, et nos jambes encore à moitié endormies… jusqu’à ce que le sentier, décidé à s’élever en lacets serrés, nous rappelle gentiment que la grasse matinée n’était pas au programme. Peu à peu, la pinède se clairsème, la lumière gagne du terrain, la pente s’adoucit, et le paysage s’ouvre sur l’immensité granitique et dorée du massif du Néouvielle…
La réserve naturelle du Néouvielle
Le massif du Néouvielle est délimité au Nord par la route de Barèges et du col du Tourmalet; à l’Ouest par la route Luz-Gèdre; au Sud par la vallée montant vers Piau-Engaly et le vallon du Badet; à l’Est par la vallée d’Aure. Le massif de Néouvielle culmine à 3 192 mètres au Pic Long.
La réserve Naturelle du Néouvielle, ne couvre qu’une partie du massif. Attenante à la zone centrale du Parc National sur son côté Ouest elle est entièrement sur la vallée d’Aure. La réserve naturelle du Néouvielle a été créée en 1935, bien avant le Parc National des Pyrénées Occidentales en 1967. Le professeur Chouard, qui est à l’origine de cette création, s’exprime ainsi à son sujet: “…il n’est plus nécessaire de faire l’éloge du massif lacustre du Néouvielle, maintenant reconnu comme la plus belle et la plus complète des régions lacustres des Pyrénées Françaises.”
La réserve couvre 2313 hectares étagés de 1800 à 3091 mètres et malgré les aménagements qu’elle a subie, elle reste biologiquement riche. Le microclimat spécifique au massif lui offre des températures particulières et une atmosphère extrêmement limpide ; ce n’est pas par hasard que l’observatoire du Pic du Midi a été érigé sur un sommet voisin.
La route des lacs, ouverte en 1972, monte jusqu’à 2100 mètres d’altitude. Depuis 1994 elle est réglementée à partir du lac d’Orédon, où un service de navettes conduit les visiteurs aux lacs d’Aubert et Aumar.
Depuis 1968, la gestion de la réserve est assurée par le Parc National des Pyrénées.
Dans la Réserve naturelle du Néouvielle, la faune et la flore sont d’une richesse et d’une variété exceptionnelle; 370 espèces animales ont été recensées au cœur de la réserve: le grand tétras, le bec croisé, la perdrix grise, la marmotte, l’isard…
Les lacs et torrents abritent une espèce endémique des Pyrénées : le Desman, petit mammifère aquatique appelé aussi Rat Trompette.
571 espèces d’algues différentes y ont été également recensées. Il y a encore quelques années, le crapaud accoucheur détenait le record européen d’altitude.
Le pin à crochets tapisse les pentes des montagnes jusqu’à l’altitude de 2600 mètres; c’est la forêt la plus haute d’Europe.
Nous atteignons le col d’Estoudou à 2 260 mètres d’altitude. En contrebas, le lac d’Orédon s’étire paisiblement, miroitant sous la lumière du matin. Tout autour, les géants du massif sortent lentement de leur sommeil : le pic d’Estaragne et le Néouvielle … des silhouettes familières que l’on retrouve toujours avec le même émerveillement.
Depuis le col, nous poursuivons vers le sentier évident qui file droit vers le Soum de Montpelat.
Le sentier, parfois discret, reste bien cairné, et l’ascension se fait régulière, sans réelle difficulté. Bientôt, nous atteignons le sommet à 2 475 mètres. Pause bien méritée : devant nous, le panorama claque comme une carte postale grand format !
Sous nos yeux s’étendent la quasi-totalité des 3 000 du massif et une belle collection de sommets secondaires, autant de fabuleux belvédères que nous avons déjà gravis : pic de Pichaley (2 626 m), le pic d’Aumar (2 578 m), le pic Plat (2 559 m), le pic d’Estibère (2 663 m), le pic de Madaméte (2 508 m) ou encore le pic de Gourguet (2 619 m). À nos pieds, les lacs de l’Oule et d’Orédon scintillent chacun de leur côté.
Et pour couronner le tout, les dernières neiges de l’hiver, en cette fin de mois de mai, ajoutent la touche finale à ce décor de carte postale.
Zoom sur le pic de Néouvielle depuis le Soum de Montpelat.
Nous quittons le sommet par une sente qui plonge vers le nord-est, en direction du lac d’Anglade. La prudence est de mise au départ : la descente est raide et de nombreuses plaques de neige exigent un pied sûr. Rapidement, la pente s’adoucit, et nous dévalons tranquillement jusqu’au lac, perché à 2 175 mètres comme un petit miroir niché dans son écrin. Le lieu est paisible, idéal pour souffler un peu et profiter de sa quiétude.
Nous repartons en longeant le ruisseau d’Estibère, que nous remontons dans un vallon sauvage, souvent ignoré par les foules — tant mieux pour nous ! Ici, on marche presque seuls, entre pelouses alpines et blocs erratiques qui semblent parfois s’être mis en travers du chemin juste pour tester notre équilibre. Peu à peu, la pente reprend, et après quelques minutes, nous atteignons le lac de l’Île, perché à 2 278 mètres et quasiment avalé par la végétation.
Le lac de l’Île : un miroir d’altitude que la nature reprend peu à peu…
La tentation de remonter encore plus haut dans le vallon d’Estibère, jusqu’au lac Supérieur, se fait sentir… mais nous choisissons finalement de revenir par le col d’Aumar (2 381 m), en empruntant le sentier qui s’élève tranquillement à travers les pelouses.
Encore une fois, au col d’Aumar, la vue est à couper le souffle : le panorama sur le massif du Néouvielle se déploie dans toute sa splendeur.
La descente nous conduit à l’extrémité du lac d’Aumar, perché à 2 192 mètres. Ce lac morainique s’est formé derrière un amas de débris glaciaires — la moraine — qui agit comme un barrage naturel. Seul un petit aménagement a ensuite relevé son niveau d’eau. Nous le longeons tranquillement avant de quitter le sentier pour rejoindre…
… le lac d’Aubert, que je n’avais que rarement vu aussi vide ! Aujourd’hui, il peut se passer de son barrage, offrant un miroir d’eau presque inexistant. Avec un peu d’imagination, on pourrait croire à un petit lac naturel posé sur un sol lunaire, entre crevasses et roches nues, comme si la montagne elle-même avait décidé de jouer à créer des fantaisies géologiques.
De là, nous attrapons le superbe sentier des Laquettes, qui descend en ondulant entre pins et rochers, comme pour nous inviter à savourer chaque pas. Le chemin finit par longer ces petites perles lacustres, nichées dans le granite.
Finalement, nous rejoignons le parking d’Orédon, bouclant cette boucle qui nous a fait passer des forêts fraîches aux crêtes ensoleillées, des lacs suspendus aux vallons secrets. Une splendide randonnée au cœur de la magie du Néouvielle, qui laisse des souvenirs à la fois lumineux et granitiques… et l’envie irrésistible de revenir explorer ses moindres recoins…
Informations pratiques
Situation: Hautes-Pyrénées / Massif du Néouvielle
Accès: De Lannemezan, remonter la vallée d’Aure en direction d’Aragnouet ou il faut prendre sur la droite la route des lacs (D 929) jusqu’au lac d’Orédon.
Date: 29 mai 2025
Altitude maximale: 2475 mètres au Soum de Montpelat
Dénivelé cumulé: 800 mètres
Itinéraire: Randonnée en boucle
Horaire: 5 à 6 H
Cartographie: Carte de randonnée 1748 ET / Néouvielle – Vallée d’Aure – Parc National des Pyrénées
Trace GPS: Télécharger


























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