Après la découverte d’hier au Moulin du Saut, où la rivière et les vieux bâtiments du moulin nous avaient offert une balade pleine de charme, nous reprenons nos pas le long du Lot pour une nouvelle aventure. La balade débute à Bouziès, ancien port fluvial lové dans une boucle du fleuve. En ce petit matin d’octobre, un léger brouillard flotte encore au-dessus de l’eau, enveloppant les falaises d’un voile mystérieux. Le sentier s’engage d’abord en douceur le long de la rivière, bordé de verdure et d’ombres apaisantes. Puis le décor se resserre : la roche prend le dessus, les parois calcaires se dressent brusquement et le chemin se plaque littéralement contre la falaise. Ici, pas besoin de boussole : il suffit de laisser le Lot vous guider.

Nous poursuivons la balade littéralement dans les pas des anciens haleurs, sur ce sentier taillé dans la falaise et suspendu au-dessus de l’eau. L’endroit est saisissant, presque irréel. À mi-parcours, une surprise attend les marcheurs : une fresque monumentale sculptée dans la roche par Daniel Monnier en 1985. Poissons stylisés, algues ondulantes et motifs aquatiques s’entrelacent en hommage à la rivière, comme si le Lot avait laissé sa propre signature sur la pierre.

Un peu plus loin, nous parvenons à une ancienne écluse en pierre, construite à la même époque que le chemin de halage. Ces ouvrages permettaient autrefois de réguler le niveau du Lot pour faciliter la navigation des gabares, et certaines servent encore aujourd’hui aux bateaux de plaisance qui sillonnent le Lot.

La brume matinale finit par se dissiper en cette douce journée d’automne, révélant peu à peu les eaux tranquilles du Lot. Les falaises se reflètent à nouveau dans le fleuve, composant un décor lumineux et presque irréel.

Au bout du chemin de halage, on quitte les berges pour grimper doucement vers le village. Le sentier serpente entre les bois et les murets de pierre sèche. Pas à pas, nous nous rapprochons de la cité médiévale de Saint-Cirq-Lapopie, jusqu’à voir apparaître les premiers toits pointus et les façades qui annoncent l’arrivée imminente.

Perché à 100 mètres au-dessus du Lot, Saint-Cirq-Lapopie est un enchantement. Classé parmi les plus beaux villages de France, il est resté fidèle à son passé médiéval : ruelles pavées, maisons à colombages, portes fortifiées et ateliers d’artisans s’y succèdent. En cette période hors saison, la quiétude du lieu ajoute encore à sa magie : on flâne presque seul dans les ruelles, comme si le village s’offrait rien que pour nous.

C’est ici qu’André Breton, chef de file du surréalisme, choisit de vivre. Fasciné par la beauté du lieu, il déclara : « J’ai cessé de me désirer ailleurs. ».

La montée vers les vestiges de l’ancien château-fort est courte et serpente entre les ruelles pavées et les murs de pierre. En quelques minutes, on atteint l’esplanade où se dressaient autrefois les fortifications médiévales. Il n’en reste que des traces, mais le lieu a gagné en magie ce qu’il a perdu en murailles. C’est devenu le belvédère principal du village, celui qui offre la vue la plus célèbre sur les toits de Saint-Cirq-Lapopie et sur le Lot.

Le point de vue incontournable de Saint-Cirq-Lapopie

Nous entamons le retour par le même chemin, cette fois en sens inverse. De retour à l’écluse, nous avons la chance d’assister à une manœuvre entièrement manuelle — une scène d’un autre temps qui rappelle l’histoire fluviale du Lot. Après ce bref spectacle, nous reprenons sereinement la marche jusqu’au point de départ.